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Glenys est une charmante septuagénaire ; elle m'a accueilli, une fois de plus dans de parfaites conditions. Logé dans un petit appartement privatif, avec pour dîner un merveilleux tajine préparé par ses soins.
Passionnée de décoration, d'aménagement intérieur et de jardinage, elle a toujours tenu à réaliser elle même les plans des trois maisons qu'elle a successivement habitées au cours de sa vie. Cette dernière habitation, dans la kangaroo valley se veut être une « maison à la française ». Et je dois dire que c'est plutôt réussi. Fixées par de gros boulons volontairement apparents, d'anciennes poutres lazurées longent les plafonds et encadrent les entrées des diverses pièces. De hauts buffets vitrés et de petites tables rondes décorées de napperons en dentelles meublent le salon et la cheminée ajoute à l'endroit le charme des habitations du vieux continent.
Une fois encore « à la Française », Glenys a aussi pensé elle même le jardin qui entoure sa maison. Dans un style qu'on n'admire qu'à l'entrée des châteaux et des maisons bourgeoises, le jardin de Glenys lui demande beaucoup de travail. Arcades de rosiers, basses haies de buissons taillés au carré, ou arbutes à la coupe arrondie séparent le terrain en différentes zones. De petits bosquets offrent cet extérieur des zones ombragées. Quelques murs de pierre sèches, permettent d'aplanir ce terrain incliné et ainsi de fleurir les terrasses au devant des fenêtres.
En contrebas la mare, de bonne taille, et un petit ponton, à laquelle s'amarre une petite barque.
Plus loin, une barrière de bois délimite l'enclos des chèvres alpagas.
C'est ici donc que j'ai passé deux jours à tailler les haies et les arbustes, pailler les bosquets, ratisser.
Sur mon mini tracteur, navigant d'un point à l'autre du jardin, emplissant ma remorque de feuilles desséchées, cherchant à tailler ici un angle droit précis, là un parfait arrondi, je me suis pour un temps, rêvé jardinier au château de Versailles. Je dois bien avouer que j'ai fort apprécié la détente que m'a procurée cette activité, et la satisfaction de Glenys face à mon travail terminé m'a comblé.
En guise de conclusion je tiens à partager avec vous cet extrait qui - si trop peu de phrases de la littérature me restent en mémoire – me revient si souvent à l'esprit :
« Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles : car enfin, si vous n'aviez pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l'amour de Mlle Cunégonde, si vous n'aviez pas été mis à l'Inquisition, si vous n'aviez pas couru l'Amérique à pied, si vous n'aviez pas donné un bon coup d'épée au baron, si vous n'aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d'Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches. - Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. » _ Candide