L'Ardèche à vélo

C'est dans le sud l'Ardèche que pédalaient de joyeux cyclistes retraités... Chaque jour à la recherche de nouveaux paysages, de jolis villages ou d'un chaleureux café. Ils adorent attaquer le bitume, et, tête dans le guidon, hument à plein nez les odeurs de la belle saison.

J'ai saisi l'opportunité de me greffer à ce groupe de joyeux lurons et n'ai jamais regretté de pouvoir mieux connaître de si accueillants compagnons.

J'ai ainsi pédalé avec Yvette, celle qui avale les kilomètres et organise avec talent de magnifiques étapes en tenant compte des plus lents et de la météo qui dérape.

J'ai pu grimper avec Richard, scientifique égaré dans sa bulle littéraire. Il reconnaît d'un seul regard, une mousse, une fleur, une fougère, et donne à son auditoire un poétique exposé, choisissant son vocabulaire avec une finesse notoire.

Philippe, le descendeur paternel, veille sur notre sécurité avec beaucoup de bienveillance. Ses conseils sont éternels, pour ne pas perdre les clés ou sortir à temps la passoire, pour des pâtes "al dente". Lui comme moi sommes grisés par les descentes de cols aux virages serrés, ou de bières fraîches bien méritées.

Il y a aussi Luc, si sensible qu'il sentirait le moindre gravillon sous son pneu. Ce prince de l'asphalte, serviable et attentionné, relance toujours la troupe et ses pauses intempestives. A chaque arrêt, la pédale le démange, il repart en tête, et ses amis le suivent.

Marie, c'est la force tranquille, qui ne dit mot mais qui avance sans fléchir. Elle prend si bien les choses en main qu'on la sollicite ... Peut être un peu trop. Alors elle se fait petite, et n dit mot mais... Elle avance. Sans fléchir...

Quand à Brigitte, la randonneuse, au rythme si régulier, elle est heureuse! Pour elle, les paysages sont magnifiques, les instants passés magiques et l'air frais sur son visage poétique. Elle dit parfois qu'elle est vieille. je n'ai rien remarqué de tel.

Voyageur paisible, Fernand n'a que faire ni de la distance, ni de la vitesse. Son vélo n'est pour lui qu'un moyen de transport pour découvrir le monde... Et comme nous savons si bien parler de cuisine en mangeant, nous avons pu échanger, tout en pédalant, de beaux récits de voyages...

Électrique, Frédérique porte avec elle l'énergie qui parfois chez les autres, s'affaiblit. On lui donne souvent le pique-nique, toujours la sportenine, qu'elle distribue généreusement afin que tout le monde garde bonne mine.

Avec Patrick, les mots dansent tout autour de leurs sens divers, et toujours il se lance vers cette drôle de science du calembour. Il faut pour le suivre une oreille affûtée et ne pas être sourd car il en a sous le coude, tout autant que sous la pédale.

A l'arrière du peloton, Jacqueline pédale sans se plaindre, et de loin, elle observe avec tendresse, la scène que lui offre cette troupe dégénérée. Toujours à bon escient, toujours au bon moment elle apporte à ce groupe la douceur de l'amitié.

Il y avait aussi parmi cette folle troupe, monsieur mon père Albert, son oreille arrachée et ses mollets d'aciers. La semaine a montré, qu'il avait la descente bien plus aisée une fois la lune levée, que les longues montées ensoleillées...

Mais où donc est passé John? La tête dans le guidon, gros plateau, petit pignon... Il a tracé sa route, nous l'avons égaré.

Finissons par la mère, Dominique l'économe, sa batterie, elle la gère mieux que quiconque ici. L'assistance la rassure mais jamais elle n'abuse de l'électricité, et chaque soir elle est fière de n'avoir consommé que les deux traits qu'elle s'était fixés.